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Val de Loire Un paysagiste a signalé une infestation de sésies apiformes

Ce mois-ci, en région nantaise, un paysagiste a signalé une infestation de sésies apiformes (Sesia apiformis, syn. Aegeria apiformis) sur des peupliers trembles...

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En pépinière d'élevage et en espaces verts, les sésies peuvent provoquer de sérieux dégâts aux essences feuillues, dont les premiers symptômes de flétrissement foliaire apparaissent en été. La sésie apiforme (Sesia apiformis, syn. Aegeria apiformis) est un papillon à l'allure de frelon au stade adulte, mais redoutable xylophage durant les un à trois ans de son cycle larvaire, selon les régions.

Les chenilles de cette grande sésie avait déjà été mises en évidence durant l'été 2011 dans une pépinière du Maine-et-Loire : environ 20 % d'une culture de Fraxinus excelsior présentaient de profondes galeries dans le tronc. Suite à l'émergence des imagos de fin mai à juillet, les exuvies nymphales faisaient saillie hors des troncs infestés.

Après l'accouplement, les nombreux oeufs (jusqu'à 1 500), sont pondus en vol, déposés dans les anfractuosités du tronc ou du collet. Puis les larves pénètrent sous l'écorce dès leur éclosion.

Des sésies à saisir

Les sésies sont occasionnelles, mais très nuisibles, surtout sur les jeunes arbres et arbustes sensibles. Les risques sont phytosanitaires et mécaniques, en particulier dans les parcs et jardins publics où toute altération du tronc peut entraîner une sensibilité à la casse par le vent. La vigilance est de mise vis-à-vis de : Aegeria apiformis (bouleau, frêne, peuplier noir, saule, tilleul, tremble), Sphecia bembeciformis (saule), Synanthedon spheciformis (aulne, bouleau), Synanthedon (= Conopia) myopaeformis (pommier, poirier, cognassier), Synanthedon tipuliformis (groseillier, cassissier), Pennisetia hylaeiformis (framboisier), Synanthedon culiciformis (aulne, bouleau, tilleul).

Cette dernière espèce avait été détectée en octobre 2007 en Anjou. Les larves sont semblables à celles de la sésie apiforme : 25 mm environ, couleur ivoire ou jaune crème, tête brune, 3 paires de pattes thoraciques. La petite sésie du peuplier (Paranthrene tabaniformis, syn. Sciapteron tabaniformis) est également redoutée par les producteurs. En août, les jeunes chenilles se logent sous l'écorce, tandis que les larves âgées forent le bois. On reconnaît les arbres infestés à leur allure chétive, aux feuilles petites et jaunes, traduisant une diminution du flux de sève.

Lors d'un diagnostic, il faut se méfier des risques de confusion avec d'autres larves xylophages de « bois frais ». En effet, plusieurs insectes foreurs primaires déposent leurs pontes sur des arbres poussants (lépidoptères : cossus gâte-bois, zeuzère… ; coléoptères : saperdes, charançon cryptorhynque, xylébore disparate…), mais plus généralement dans des sujets en mauvais état physiologique ou dépérissant. Lors d'un flétrissement foliaire, des méprises peuvent également avoir lieu avec la verticilliose, maladie vasculaire provoquant une apoplexie en période chaude.

Détection et lutte

La lutte intégrée combine plusieurs méthodes. Le piégeage de masse des papillons mâles est pratiqué entre fin mai et août pour certaines espèces, avec des phéromones sexuelles (S. myopaeformis, P. tabaniformis, S. tipuliformis) ou à l'aide d'un mélange alimentaire (S. myopaeformis). Il n'existe pas actuellement de phéromone spécifique pour capturer les autres sésies.

En pépinière, le piégeage peut servir à raisonner le traitement insecticide au moment du pic de vol avec un produit de contact et ingestion autorisé. Une autre solution consiste à traiter les larves au printemps, en sève montante, avec un produit à base de thiaméthoxam ou d'acétamipride, autorisé dans la catégorie « Arbres et arbustes d'ornement, ravageurs divers, traitement des parties aériennes ». Contre la sésie du groseillier (S. tipuliformis), des essais de lutte par confusion sexuelle réalisés en Suisse entre 2002 et 2005 avec 600 diffuseurs « sonet-Z » par hectare ont montré une bonne efficacité.

En automne, vérifier l'état sanitaire des plantes sensibles environnant les parcelles cultivées (haies, bosquets). Supprimer les sujets très atteints et le bois mort. En espaces verts, percer les larves avec une tige de fil de fer souple, puis mastiquer les galeries pour éviter un développement des chancres et autres pourritures du bois.

Jérôme Jullien

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